• Aloysius Bertrand, Gaspard de la nuit (1842).

    (Objet d'étude : la poésie)
    Niveau : classe de 1re.

     

     

    Ondine

    ...
    Je croyais entendre
    Une vague harmonie enchanter mon sommeil,
    Et près de moi s'épandre un murmure pareil
    Aux chants entrecoupés d'une voix triste et tendre.

    Ch. Brugnot, Les Deux Génies.


    « Ecoute ! – Ecoute ! – C'est moi, c'est Ondine qui frôle de ces gouttes d'eau les losanges sonores de ta fenêtre illuminée par les mornes rayons de la lune ; et voici en robe de moire, la dame châtelaine qui contemple à son balcon la belle nuit étoilée et le beau lac endormi.

    Chaque flot est un ondin qui nage dans le courant est un sentier qui serpente vers mon palais, et mon palais est bâti fluide, au fond du lac, dans le triangle du feu, de la terre et de l'air.

    Ecoute ! – Ecoute ! – Mon père bat l'eau coassante d'une branche d'aulne verte, et mes sœurs caressent de leurs bras d'écume les fraîches îles d'herbes, de nénuphars et de glaïeuls, ou se moquent du saule caduc et barbu qui pêche à la ligne ! »
     
    *
     
    Sa chanson murmurée, elle me supplia de recevoir son anneau à mon doigt pour être l'époux d'une Ondine, et de visiter avec elle son palais pour être le roi des lacs.

    Et comme je lui répondais que j'aimais une mortelle, boudeuse et dépitée, elle pleura quelques larmes, poussa un éclat de rire, et s'évanouit en giboulées qui ruisselèrent blanches le long de mes vitraux bleus.


    Aloysius Bertrand (1807-1841),
    Gaspard de la nuit,
    Fantaisies à la manière de Rembrandt
    et de Callot
    , III, 9 (publié en 1842).




    Aloysius Bertrand, « Ondine », Gaspard de la nuit (1842).


    I- Le paratexte.
     
    L'auteur : ses dates le situent pendant la période romantique.

    Le titre : Ondine désigne une fée des eaux généralement malfaisante de la mythologie nordique et de la littérature germanique. Dans son nom est contenu le mot « onde », terme poétique signifiant « eau ».

    Le titre du recueil, Gaspard de la nuit, Fantaisies à la manière de Rembrandt et de Callot, fait référence à la peinture à travers la mention de Rembrandt et à la gravure en nommant Callot. L'inspiration fantastique est indiquée par le terme Fantaisies, puisque Fantaisies à la manière de Callot est le titre d'un recueil de contes d'Hoffmann, auteur allemand de littérature fantastique.

    Les vers en exergue de Ch. Brugnot ont été placés par Aloysius Bertrand en « introduction » de son texte. Il présentent de fortes ressemblances avec le poème de Bertrand : dans les deux cas, une sensation auditive se transforme en un chant ou une chanson à peine audible. Une tonalité, plaintive, est évoquée, « une voix triste et tendre » que l'on suppose être celle d'une femme. La mention du « sommeil », dans les vers de Brugnot, introduit une atmosphère onirique que l'on retrouve dans le poème de Bertrand où l'on suppose que ce que raconte le poète est le fruit d'un esprit dans les brumes du sommeil, ce qui laisse toute latitude aux divagations de l'imagination.


    II- Le texte.
     
    Le genre.
    C'est un poème qui ne répond pas aux critères traditionnels puisqu'il est écrit en prose et non en vers, ce qui explique la disparition des rimes. Ce poème en prose prend ici la forme d'une ballade constituée de couplets avec refrain racontant une histoire d'inspiration légendaire ; la ballade est une forme poétique traditionnelle proche de la chanson. Au plan de la structure, on remarque une tension entre une forme résolument novatrice, le poème en prose, et une forme traditionnelle, la ballade.

    Le type.
    C'est un texte narratif. Il est possible de repérer le schéma narratif suivant.
    - Situation initiale : le poète est chez lui.
    - Première étape : le bruit de la pluie, élément perturbateur, va se transformer en chanson. C'est la chanson d'Ondine.
    - Deuxième étape : la proposition d'Ondine.
    - Dernière étape : le refus du poète qui avoue préférer l'amour d'une mortelle.
    - Situation finale : la disparition d'Ondine.

    La structure.
    La composition est très nette :
    A. Chanson d'Ondine (chanson de séduction) : couplet 1, la pluie (apparition d'Ondine) ; couplet 2, le lac (évocation du palais) ; couplet 3, les plantes d'eau (le royaume d'Ondine).
    B. Le récit (du poète) : couplet 4, proposition de mariage ; couplet 5, refus lucide et disparition de l'enchantement.
    La structure est circulaire : on constate en effet une symétrie entre le 1er couplet, ou alinéa, et le 5e : « Ondine », « gouttes d'eau », « les losanges sonores de ta fenêtre » / « elle », « giboulées », « le long de mes vitraux bleus. » Les vitraux renvoient à la fenêtre du premier couplet, qui a une valeur symbolique et qui sépare les deux mondes, celui du poète et d'Ondine. La fidélité du poète le sauvera, il restera de ce côté-ci du miroir. Les giboulées indiquent le retour au réel. Le thème de l'eau revient dans le dernier segment de phrase de chaque alinéa à travers l'évocation du lac : « lac endormi », « au fond du lac », « qui pêche à la ligne », « le roi des lacs ». Cela souligne l'unité des couplets 1, 2, 3 et 4.
    Par ailleurs, la présentation typographique, avec une segmentation en couplets brefs de dimension équivalente, souligne l'aspect « éclaté » d'un mode de narration propre au Moyen Age et rappelle les scènes qui étaient peintes sur les vitraux : la dame à sa fenêtre, le palais sous l'eau, le royaume aquatique. Les couleurs vert, bleu et blanc suggérées implicitement ou explicitement dans le texte sont des couleurs de vitraux. Ce qui nous a été raconté, n'est-ce pas une scène éclatée de verrier ? Plus encore qu'à l'art du graveur qu'évoquent les noms de Callot et de Rembrandt, l'art de Bertrand peut être comparé à celui du verrier.


    Le lexique.
    Le champ lexical de l'eau et du monde aquatique est développé tout au long du texte. Le deuxième couplet développe le terme « lac » et amorce un second niveau de rêverie, beaucoup plus onirique. Dans le premier couplet, un certain nombre de mots « la dame châtelaine », « à son balcon », « la lune », recréent une atmosphère médiévale mais vue ici à travers une sensibilité romantique.

    La tonalité est fantastique. Le lecteur est transporté dans l'univers du rêve dont on remarque le caractère irrationnel, incohérent : dans le premier couplet, on assiste à une première métamorphose de la pluie en Ondine, puis on passe sans transition du personnage d'Ondine à celui de la dame châtelaine. Il s'agit d'une deuxième métamorphose, en tous les cas d'une identité perçue de façon prismatique. Dans le troisième couplet, c'est le flot qui se transforme en « ondin » et le « courant » en « sentier ». Dans le quatrième couplet, on retrouve le thème omniprésent de la métamorphose, mais cette fois c'est Ondine qui propose une métamorphose au poète : devenir roi des lacs. Enfin, dans le dernier couplet, on assiste à l'ultime métamorphose et à la disparition d'Ondine.

    La syntaxe.
    Une image statique est évoquée dans le premier couplet, celle d'une dame immobile à son balcon dont l'immobilité est suggérée par le présentatif « voici », lui-même suivi d'une expression lexicalisée, « dame châtelaine », complétée par une relative qui est l'équivalent d'un participe présent. De plus, la nature de l'action, « contempler », est compatible avec l'immobilité ; c'est presque le degré zéro de l'activité. La phrase est organisée pour rendre le hiératisme du personnage.
    A cette immobilité succède dans le deuxième couplet l'évocation du mouvement, de quelque chose de dynamique : le mouvement de l'eau qui est restitué par l'organisation de la phrase. Est décrit par une progression qui prend appui sur deux mots-clés (« ondin », « courant ») l'itinéraire progressif vers le centre du lac, le triangle où s'établit la synthèse entre les quatre éléments de l'univers selon la théorie des alchimistes inspirée de Platon (l'eau, le feu, la terre, l'air). Le mouvement de relance qui part du flot pour arriver au palais par les deux étapes de l'ondin et du sentier est un mouvement qui va de la diversité et de la multiplicité (« chaque », « un ») à l'unité, le « palais », au centre du triangle.
    Dans le troisième couplet, les trois coordinations étirent la phrase et lui donnent un aspect sinueux, en font un sortilège qui tente de s'emparer de l'esprit du poète.
    Dans le dernier couplet, la juxtaposition souligne le caractère illogique, capricieux, fantasque du personnage d'Ondine. La synthèse sert à caractériser Ondine : elle est à la fois hiératique et ondoyante, comme un être qui joue de tous ses sortilèges pour séduire sa proie et foncièrement imprévisible et déroutante.

    Les différentes paroles.
    L'ensemble du poème est un récit qui comprend trois couplets au discours direct, un couplet de discours narrativisé, un couplet de discours indirect auquel s'ajoute un bref récit. Le discours narrativisé permet la mention du terme « chanson ». Se produit un effet de mise à distance, comme si les sortilèges ou le charme d'Ondine commençaient à perdre de leurs forces. Cela marque-t-il le retour du poète à l'état conscient ? Est-ce que ce sont les prémices du réveil ?

    Les sonorités et la prosodie.
    Le premier couplet commence par un appel, « Ecoute, écoute », dont l'harmonie imitative restitue le bruit des gouttes d'eau. On note également la régularité du rythme dans les trois groupes rythmiques de sept syllabes : « qui contemple à son balcon », « la belle nuit étoilée », « et le beau lac endormi. »
    Dans le deuxième couplet, on retrouve un rythme de sept syllabes : « Chaque flot est un ondin », « qui nage dans le courant ». Les allitérations en [f] et [s] suggèrent le mouvement de l'eau. Les assonances en [i] font entendre la voix pointue de la fée.
    Le troisième couplet est en opposition complète avec le précédent sur le plan phonétique ; les sons sont plus durs : « coassante », « caressent », « écume », « moquent », « caduc » ; « bat », « branche », « bras », « barbu ». Leur caractère monosyllabique ou dissyllabique renforce l'idée ou plutôt la sensation d'un clapotement, déjà suggérée par les sonorités. On entend eau dans « aulne » qui en est presque l'anagramme, également dans « saule », ce qui renforce la présence de l'élément aquatique dans ce couplet.
    Dans le cinquième couplet, on reconstitue une strophe en vers libres composée de deux octosyllabes, de deux hexasyllabes, de quatre heptasyllabes :
    « Et comme je lui répondais 8 / que j'aimais une mortelle 7 / boudeuse et dépitée, 6 / elle pleura quelques larmes, 7 / poussa un éclat de rire, 7 / et s'évanouit en giboulées 8 / qui ruisselèrent blanches 6 / le long de mes vitraux bleus 7. »
     
    Les procédés rhétoriques et stylistiques.
    L'image de la châtelaine développée dans le premier couplet appartient au monde terrestre qui, d'une certaine manière, s'oppose au monde aquatique. On peut voir dans cette dualité une réminiscence du personnage de Mélusine, à la fois châtelaine et créature aquatique maléfique, ou du personnage de la fée Viviane.
    Dans le deuxième couplet est évoqué le passage de l'élément liquide à l'élément solide (« flot », « courant », « sentier », « palais »). Mais on voit qu'il peut y avoir union des contraires, que l'un n'exclut pas l'autre comme le montre l'antithèse «palais » / « fluide ». Dans ce même couplet il y a une allégorie d'un cheminement vers la connaissance à travers l'idée d'un centre à atteindre. L'allusion à l'alchimie est révélatrice. De même que celle-ci, par la quête de la pierre philosophale, cherche à transformer le plomb en or, de même la poésie veut transformer la laideur d u monde en beauté.
    Dans le dernier couplet, le comportement d'Ondine, « boudeuse et dépitée », plus « quelques larmes », suivies d'un « éclat de rire » indiquent le caractère fantasque du personnage. L'opposition entre le rire et les pleurs et la soudaineté du changement annoncent les « giboulées », manifestation d'un climat instable.

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  • MONTESQUIEU, Lettres persanes, (extrait de la lettre XIV), 1721.

    (Objets d'étude : Convaincre, persuader, démontrer, délibérer / Le blâme / Un mouvement littéraire : Les Lumières)

    2de / 1re

     

    RICA A IBBEN, A SMYRNE


    Le roi de France est le plus puissant prince de l'Europe. Il n'a point de mines d'or comme le roi d'Espagne, son voisin ; mais il a plus de richesses que lui, parce qu'il les tire de la vanité de ses sujets, plus inépuisable que les mines. On lui a vu entreprendre ou soutenir de grandes guerres, n'ayant d'autres fonds que des titres d'honneur à vendre, et, par un prodige de l'orgueil humain, ses troupes se trouvaient payées, ses places, munies, et ses flottes, équipées.

     

    D'ailleurs ce roi est un grand magicien : il exerce son empire sur l'esprit même de ses sujets ; il les fait penser comme il veut. S'il n'a qu'un million d'écus dans son trésor, et qu'il en ait besoin de deux, il n'a qu'à leur persuader qu'un écu en vaut deux, et ils le croient. S'il a une guerre difficile à soutenir, et qu'il n'ait point d'argent, il n'a qu'à leur mettre dans la tête qu'un morceau de papier est de l'argent, et ils en sont aussitôt convaincus. Il va même jusqu'à leur faire croire qu'il les guérit de toutes sortes de maux en les touchant, tant est grande la force et la puissance qu'il a sur les esprits.


    De Paris, le 4 de la lune de Rebiab, 1712.




    EXPLICATION DU TEXTE DE MONTESQUIEU


    Méthodologie de l'explication :

    1) Lire le texte une première fois. Souligner les mots difficiles.

    2) Repérer les éléments du paratexte (auteur, titre de l'œuvre, contexte historique et littéraire, genre littéraire, cadre spatio-temporel).

    3) Relire le texte en dégageant le thème principal et la thèse développée par l'auteur.

    4) Dégager le plan du texte (sa structure).

    5) Analyser le texte en complétant d'abord le tableau de repérage.

    6) Rédiger une brève synthèse.

     

    Application au texte de Montesquieu :

    1) Lecture du texte et vocabulaire :

    « la vanité » : n.f. défaut d'une personne vaine, satisfaite d'elle-même.

    « fonds » : richesses.

    « places » : places fortes, canons pour se défendre.

    « munies » : fortifiées.

    « maux » : ce qui cause de la douleur, de la peine, du malheur (maux de tête).

    « en les touchant » : on attribuait aux rois de France le pouvoir de guérir les écrouelles, par imposition des mains (inflammation tuberculeuse des ganglions du cou).

    « Rebiab » : Juin.

     

    2) Le paratexte et le genre littéraire.

    L'auteur : Montesquieu.

    Charles de Secondat, baron de La Brède et de Montesquieu. Né en 1689 au château de La Brède dans le Bordelais, décédé en 1755 à Paris.
    Moraliste, penseur et philosophe français.
    Fils de magistrat.


    L'œuvre : Lettres persanes (1721) parues anonymement.
    Plaisante satire de la France. Mener « à la sagesse et à la vérité par le plaisir. »

    Contexte littéraire : XVIIIe siècle, le siècle des Lumières (Montesquieu, Voltaire, Rousseau, Diderot).
    La littérature « du cœur et de l'esprit ».

    Contexte historique : Règne de Louis XIV (1638-1715).

    Le genre littéraire : le genre épistolaire.

    Présence d'un émetteur : Rica (qui se trouve à Paris) et d'un récepteur (Ibben, à Smyrne : en turc « Izmir » : 3e ville et port de Turquie, sur la mer Egée). Les habitants de Smyrne s'appellent les Smyrniotes.

    Le cadre spatio-temporel : 4 juin 1712, à Paris.


    3) Thème et thèse.

    Thème principal : le Roi de France, le roi soleil.

    Thèse soutenue par l'auteur : le roi de France est un manipulateur, il ne tire sa force que de la naïveté de ses sujets.


    4) Plan du texte.

    Paragraphe n°1 : La puissance matérielle du roi.

    Paragraphe n°2 : La puissance spirituelle du roi.

     

    5) Analyse littéraire.

    (Ph. 1) « Le roi de France est le plus puissant prince de l'Europe. »

    - périphrase
    - superlatif
    - allitération en (p)

    - Louis XIV, figure principale du discours.
    - Valorisation du roi. (comparaison)
    - Caractère pompeux de ce roi tout-puissant.

     

    (Ph. 2) « Il n'a point de mines d'or comme le roi d'Espagne, son voisin ; mais il a plus de ...mines. »

    - structure négative
    - paradoxe
    - comparaison implicite

    - puissance matérielle.
    - contradiction du roi.
    - vision péjorative ( « sujets » / « mines ») : critique du peuple français.

     

    (Ph.3) « On lui a vu entreprendre... et ses flottes, équipées. »

    - rythme ternaire
    - ellipse du verbe « se trouvaient »
    - champ lexical de la guerre
    - 3 participes passés à valeur passive.

    - contradictions du roi.
    - l'honneur n'est pas à vendre.

     

    (Ph. 4) « D'ailleurs, ... comme il veut. »

    - connecteur logique
    - insistance « il »
    - ton faussement admiratif.

    (Ph. 5-6) « S'il n'a qu'un million... et ils en sont aussitôt convaincus. »

    - crescendo
    - parallélisme (s'il n'a... s'il a...)

    - critique de la crédulité des Français.

    (Ph. 7) « Il va même...qu'il a sur les esprits. »

    - hyperbole
    - registre satirique.

    - désacralisation du roi.
    - surnaturel.


    6) Synthèse.

    Montesquieu nous propose dans cet extrait épistolaire une satire virulente de la Monarchie Absolue. Le Roi fait des guerres, veut des charges, conduit la France à la catastrophe et manipule ses sujets. Il s'agit donc d'un roi peu honorable.
    Critique des Français : le regard étranger fait voir les choses autrement et fait tomber le masque. Mais l'auteur, lui, se masque pour montrer la vérité (il contourne ainsi la censure).

    Texte à tonalité humoristique qui nous donne à voir une critique fantaisiste à objectif politique.


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  • COURS N°3

    L'IRONIE
     

     

         L'ironie est une forme d'expression dans laquelle on se moque de quelqu'un, d'un adversaire ou d'une idée. Elle consiste essentiellement en un écart, un décalage entre ce qui est dit et ce qui est pensé.
    C'est une forme argumentative, mais aussi narrative et dramatique.

         Plusieurs procédés rhétoriques sont couramment employés dans un but ironique:

    • l'antiphrase, qui consiste à dire le contraire de ce que l'on pense et que l'on veut faire comprendre.

    Ex : « Quel courage ! », peut-on dire pour se moquer d'un lâche.

    • la litote, qui est une figure d'atténuation, peut également être utilisée ironiquement.

    Ex : « On ne peut pas dire que la France soit une grande nation en ce qui concerne le golf. »

    • la prétérition, qui consiste à dire quelque chose en disant qu'on ne le dira pas.

    Ex : « Je ne dis pas que tu es stupide. » (Ce qui est une manière de le dire quand même.)

    • l'hyperbole
    Ex : « Quel tableau magnifique ! Quel chef d'oeuvre ! On dirait du Rembrandt, du van Gogh ! », à propos d'une croûte.

    • l'ajout d'un commentaire absurde

    Ex : « Pangloss fut pendu, bien que ce ne fût pas la coutume. » (Voltaire, Candide)

     

         Mais l'ironie est essentiellement un fait d'énonciation. Elle consiste en une distance entre l'énonciateur (celui qui parle) et l'énoncé (ce qu'il dit).

    - Dans une argumentation, l'ironie consiste à faire semblant de donner la parole à son adversaire, à le citer pour mieux montrer que ses idées sont absurdes, odieuses ou ridicules.

    - Dans un récit, l'ironie tient souvent à une opposition entre le narrateur et le point de vue.

    - Au théâtre, l'ironie dramatique se produit quand un des personnages présents sur scène ignore quelque chose que les autres et les spectateurs savent. Ce peut être un procédé de la comédie (quelqu'un est caché dans un placard et épie ce qui se passe et ce qui se dit), mais aussi de la tragédie (par exemple quand, dans OEdipe roi de Sophocle, OEdipe mène l'enquête pour retrouver et châtier le meurtrier de son père, sans savoir que c'est lui-même1).

         Dans l'argumentation, l'ironie est une arme très efficace, car elle permet de mettre les rieurs de son côté. C'est l'arme favorite des Philosophes du XVIIIe siècle, comme Voltaire ou Montesquieu.
    Mais à l'inverse elle peut présenter un danger pour celui qui l'emploie, car il est possible que le lecteur ne la perçoive pas et prenne le texte au premier degré, faisant ainsi un contresens et confondant l'ironiste avec ceux qu'il attaque.

         Afin que l'ironie soit comprise, il importe donc :

    • qu'il existe une connivence entre l'auteur et le lecteur, et donc au minimum que ce dernier connaisse l'écrivain ;

    • que le lecteur connaisse suffisamment la situation dont il est question dans le texte ;

    • que les auteurs disposent dans leurs textes des indices indiquant leur intention réelle. Ce peut être des « signes de ponctuation » (dans le temps un typographe avait créé un point d'ironie, mais il n'eut aucun succès ; dans les messages électroniques envoyés sur l'Internet, on signale les phrases ironiques par le dessin suivant ;-) que l'on comprend si on le regarde en tournant la feuille à 90° et en dessinant un rond autour.) Mais il s'agit le plus souvent d'indices de langage.

    1. Enfant abandonné et recueilli par un couple, il a plus tard tué un vieillard sans savoir que c'était son vrai père.

     


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  • Travail réalisé par deux classes de Seconde du Lycée Paul Claudel de Laon de novembre 2004 à février 2005.

    Exposition interdisciplinaire autour de grands noms : Jean Racine, Jean de La Fontaine, Alexandre Dumas...


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  • Rencontre organisée par notre collègue professeur-documentaliste, Linda Taisne, au C.D.I. du Lycée Paul Claudel de Laon en janvier 2005.

    Après avoir étudié quelques poèmes de Nimrod, les élèves de Seconde ont eu l'occasion de poser des questions à l'auteur sur son métier d'écrivain, sur sa passion pour la poésie, sur son attachement à la Picardie. 


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