• COURS N°9

    LES GENRES LITTERAIRES

      

    On classe traditionnellement les œuvres littéraires en divers genres. Le seul intérêt de cette distinction est qu'elle renvoie à des lois du genre, qu'elle implique des effets différents sur le lecteur : ce seront souvent des bases d'étude commodes.

     

    Le genre romanesque

    Types (très variés) : ils sont articulés autour de trois pôles (un décor, une intrigue, une analyse psychologique).

    Selon l'importance donnée à chacun, on trouve différents types de romans :

    - descriptifs : romans historiques, réalistes et naturalistes...

    - d'action : romans d'aventure, de cape et d'épée, policiers...

    - psychologiques : romans-confessions, roman-journal, récit d'une crise, romans centrés sur un personnage (romans d'initiation, d'apprentissage, de formation), romans sentimentaux...

    Il existe aussi des :

    - romans à thèse : pour démontrer une idée,

    - romans à clef : qui renvoient –sous forme cachée- à des personnes et des situations réelles,

    - romans à tiroir : ils incluent des fragments étrangers dans la trame principale,

    - romans « symphoniques » : aux personnages et aux lieux très nombreux, au long d'intrigues diverses (qui peuvent interférer ou non),

    - romans picaresques : qui décrivent une société grâce aux aventures du héros, qui connaît des « haut et des bas ».

    Effets : l'évasion du lecteur, la stimulation de l'imagination, l'identification à certains personnages, l'ouverture sur le monde, la compréhension, la réflexion (sur soi-même et les autres).


    Le genre théâtral

    Les comédies : elles se caractérisent par des sujets (relativement) simples, des personnages souvent ridicules et monomaniaques, l'absence d'éléments tristes, tragiques.

    Types (variés) : farce, comédie « légère », comédie de mœurs, de caractère, comédie-ballet (comédie musicale).

    Effets : le rire, bien sûr, le sourire (finesse, aspect spirituel de certaines pièces), la réflexion morale.

    Les tragédies : elles puisent leurs sujets, leurs personnages et leurs actions dans la noblesse et l'Antiquité. Les passions y sont terribles, tout se termine souvent par la mort des protagonistes, pris dans l'implacable fatalité. On n'y relève aucun élément comique.

    Types : les tragédies classiques (règles des trois unités), les tragi-comédies, le drame romantique (mélange des genres), le drame bourgeois (XVIIIème siècle), le mélodrame (pathétique « populaire »).

    Effets : les émotions (la terreur et la pitié), la réflexion sur le tragique de la condition humaine.



    Le genre poétique

    La poésie épique : ce sont de grands récits héroïques de « fondation », au style ample, solennel. (effets : le rêve et l'admiration).

    La poésie lyrique : elle est l'expression des sentiments, de la sensibilité, des états d'âme (méditation, rêverie, confession...).


    Autres genres


    Genres brefs :
    le conte (merveilleux ou philosophique), la fable, l'apologue (bref récit mettant en scène une vérité sous forme drôle ou déguisée), les portraits dépeignant les caractères typiques, les articles de dictionnaire (encyclopédie).


    Genres « rhétoriques » : le discours (politique), les plaidoiries et réquisitoires (justice), les éloges, les sermons...
    Les œuvres de « confidence » : le journal intime, l'autobiographie, la « confession », la lettre...
    Les œuvres de réflexion : l'essai (domaine moral, social, philosophique,...), la critique littéraire...


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  • COURS N°10
     
    LES REGISTRES LITTERAIRES

      

    Les procédés employés pour susciter chez le lecteur un certain état émotionnel contribuent à créer le ton d'un texte. Repérer la tonalité d'un texte (ou « registre littéraire » » ou « ton »), c'est déterminer la manière de s'exprimer du locuteur, manière qui traduit ses sentiments, sa sensibilité, ses intentions.

     

    Le ton comique


    Il provoque le rire aux dépens d'un personnage ou d'une situation, à l'aide de procédés spécifiques.

    . L'humour souligne sans méchanceté le ridicule (tonalité humoristique).

    . L'ironie dénonce par le rire, en utilisant souvent l'antiphrase (tonalité ironique).

    . L'absurde s'appuie sur une absence apparente de logique.

    . La satire critique un état d'excès ou d'injustice = forte critique d'une personne ou d'une institution (tonalité satirique).


    . La parodie
    propose une imitation exagérée, caricaturale (tonalité parodique).

    . Le burlesque traite avec trivialité un sujet important (tonalité burlesque).

     

    Le ton tragique

    Il naît d'une prise de conscience que l'homme est dominé par des forces qui le conduisent irrémédiablement à la mort.(le théâtre de Corneille et de Racine). Style ample, un registre soutenu, lexique de la mort et de la fatalité, interrogation, antithèse.

    . Le ton pathétique décrit des souffrances humaines et a souvent recours à l'exaltation pour susciter la compassion du lecteur (le drame romantique au XIXe siècle). Les procédés employés sont ceux du lyrisme. Important champ lexical de la souffrance, de la douleur. Repérer un rythme large, des termes forts, des exclamations, supplication, apostrophe. Produit un intense sentiment de pitié.


    . Le ton dramatique
    vise à susciter l'émotion (concerne au départ le théâtre, l'art dramatique). Relever les points d'exclamation, le registre des émotions.

     



    L'exaltation des sentiments

    . Le lyrisme est l'exaltation des sentiments intimes pour émouvoir, toucher, faire partager une émotion. Champ lexical des sentiments (de l'affectivité), la première personne du singulier, les sonorités ou rythmes musicaux. Le mouvement romantique au XIXe siècle. Syntaxe émotionnelle : exclamations, interrogations, interjections, phrases elliptiques, etc. Expression poétique des états d'âme. Thèmes du souvenir, de la fuite du temps, de l'harmonie de la nature. Auteurs : Ronsard, Hugo, Vigny, Nerval...

    . Le ton épique caractérise des récits d'actions exceptionnelles réalisées par une collectivité ou des héros individuels hors du commun animés d'un idéal. Les procédés d'amplification, comme l'hyperbole et l'anaphore, la densité des adjectifs et des verbes d'action, contribuent aux effets d'agrandissement de cette tonalité. Superlatifs, métaphores, énumérations, symbole, symétries et oppositions, champ lexical du combat (Hugo, Les Travailleurs de la mer ; L'Iliade et L'Odyssée d'Homère).


    . Le ton élégiaque
    désigne l'expression douloureuse de la plainte et de la mélancolie ; s'exprime à travers les mêmes procédés que ceux du lyrisme. Ex : Pierre de Ronsard, Sonnets pour Hélène (1678).

     



    Le ton du discours

    . Le registre polémique est utilisé pour convaincre, en combattant les idées de l'adversaire, en le provoquant ou, au besoin, en le ridiculisant. Procédés : termes dépréciatifs, ironie, sarcasme, indignation, apostrophe, exagération (hyperbole).Ex : Montesquieu : De l'Esprit des lois.

    . Le registre didactique répond à l'intention d'enseigner, de transmettre une pratique ou une morale, de donner des conseils. Il utilise parfois la modalité injonctive qui exprime un ordre et pousse à agir.

    . La tonalité oratoire consiste à capter la bonne attention de l'oratoire. L'orateur fait un discours logique et organisé, on parle de l'Autorité de l'orateur (Aristote, Rhétorique).

     



    Autres tonalités

    . Le registre fantastique est lié à des situations dans lesquelles l'irrationnel et le surnaturel font irruption dans la vie quotidienne. On parle de fantastique lorsqu'il y a incertitude entre réel et irrationnel. Auteurs : Maupassant, Mérimée, Nodier, Edgar Poe.


    . Le registre épidictique
    est celui de l'éloge et du blâme. Procédés : hyperboles, vocabulaire de la louange, connotations positives pour l'éloge ; termes dépréciatifs, satire pour le blâme. Ex : Saint-John Perse, Eloges.

    . La tonalité onirique est celle du rêve, des songes (monologue, lyrisme, sentiments personnels, intimes, impression de flou, de transparence, introspection dans la conscience du personnage. Ex : Marcel Proust, A la Recherche du temps perdu.


    . La tonalité réaliste
    s'attache à représenter l'homme, le monde et la société en cherchant à donner l'impression de la réalité. Procédés : effets de réel, description minutieuse. Auteurs : Stendhal, Balzac, Flaubert.


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  • COURS N°11

    LISTE DES FIGURES DE RHETORIQUE

     

    Allégorie

    figuration d'une abstraction par une image. un tableau, Souvent par un être vivant. .(= personnification d'une abstraction)
    ex: l'Amour - la Mort (évoquée par une faucheuse).

     

    Allitération

    répétition de consonnes, à intervalles perceptibles et propres à porter effet

    ex.: "Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ?" (Racine)

     

    Anacoluthe

    gr anakolouthon = absence de liaison
    rupture. discontinuité ou incohérence de construction syntaxique.

    ex : le nez de Cléopâtre : s'il eût été plus court, toute la face de la terre aurait changé (Pascal);

    "Vous voulez que ce Dieu vous comble de bienfaits
    Et ne l'aimer jamais" Racine)

     

    Analogie

    ressemblance partielle entre deux choses qui ne se ressemblent pas dans leur aspect général la relation entre les termes = A est à B ce que C est à D.

     

    Anaphore

    répétition d'un mot en tête de phrase ou de membre de phrase

    ex :
    "Rome. l'unique objet de mon ressentiment
    Rome à qui vient ton bras d'immoler mon amant Rome. , "(Corneille)
    vs une épiphore (=répétition en fin de phrase).
    vs une anadiplose (= répétition au début d'une phrase. d'une expression employée à la fin de la phrase précédente).

     

    Antanaclase

    figure qui joue sur l'exacte identité phonique (consonance) et l'altérité sémantique (faits d'homonymie et de polysémie). Le signifiant apparaît donc plusieurs fois dans le discours, mais assorti à chaque fois d'un signifié différent.

    ex: "Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point" (Pascal)

     

    Antiphrase

    on emploie un mon ou groupe de mots. dans un sens contraire à celui qui lui est naturel. on exprime une idée par son contraire.

    ex: 'C'est du joli !" = désapprobation (procédé ironique).

     

    Antithèse

    rapprochement dans le même énoncé. de deux termes désignant des réalités opposées. ou du moins très éloignées.

    ex: "Ton bras est invaincu, mais non pas invincible." (Corneille)

     

    Antonomase

    figure qui consiste à prendre un nom commun pour un nom propre. ou un nom propre pour un nom commun.

    ex: un Tartuffe - un Don Juan.

     

    Aphorisme

    formule résumant un point de science, de morale. Maxime, précepte.

    Assonance
    répétition de voyelles, à intervalles perceptibles et propres à porter effet.

    ex. : "Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant" (Verlaine).

     

    Asyndète

    suppression des particules de coordination ou des conjonctions. et par ext. de toute liaison attendue ou logique.

    Ex : "...je n'ai pas été dorloté. tapoté. baisoté j'ai été beaucoup fouetté. "(Valles)

    Lorsque l'asyndète porte sur des propositions ou des phrases entières. on parlera plus volontiers de parataxe.
    ex "Vous n'êtes point gentilhomme. vous n'aurez pas ma fille," (Molière).

     

    Catachrèse

    procédé d'enrichissement lexical qui pour pallier une lacune dans le vocabulaire disponible. détourne un mot de son sens ordinaire et l'utilise à la désignation d'une autre réalité. jusque là dépourvue d'appellation propre ou spécifique.

    ex le pied de la table.

     

    Chiasme

    figure qui consiste à placer en ordre inverse les éléments de deux groupes de mots syntaxiquement identiques: A B B' A'

    ex; "Valse mélancolique et langoureux vertige." (Baudelaire)

    "Plus l'offenseur est cher et plus grande est l'offense." (Corneille).

     

    Ellipse

    1) suppression de mots qui seraient nécessaires à la plénitude de la construction. mais que ceux qui sont exprimés font assez entendre pour qu'il ne reste ni obscurité ni incertitude.

    ex "L'ai reconnue tout de suite. les yeux de son pore" (Joyce)

    2) Dans un texte. suppression d'un passage entier, l'ellipse se caractérise alors souvent par un passage à la ligne (blanc typographique).

    ex "... défaillante. tout en pleurs. avec un long frémissement et se cachant la figure. elle s'abandonna:
    les ombres du soir descendaient..." Flaubert, Madame Bovary)

     

    Euphémisme

    atténuation de l'expression d'une réalité brutale ou blessante.

    ex "Il a vécu'' ( il est mort).

     

    Gradation

    succession de mots ou d'idées classés en ordre croissant ou décroissant d'intensité.

    ex ; "Va, cours, vole et nous venge" (Corneille).

     

    Hendiadyn


    figure qui consiste à dissocier en deux éléments coordonnés une formulation qu'on aurait attendue normalement en un seul syntagme.

    ex : Respirons l'air et la fraîcheur (= l'air frais).

     

    Homéotéleute


    succession de finales semblables à la fin de mots ou de groupes de mots suffisamment proches les uns des autres pour que la répétition soit sensible à l'oreille.

    ex "il v avait cette rumeur de foule qui s'amuse et cette clameur de charlatans et tabarins qui rusent et ce grondement d'objets qui s'usent". (Queneau)

     

    Hypallage

    on reporte grammaticalement une détermination sur un autre mot que celui auquel il se rapporte par le sens

    ex "Trahissant la vertu sur un papier coupable".(Boileau).

     

    Hyperbate

    figure qui consiste à ajouter un élément à une phrase. ou à une proposition qui paraissait sémantiquement et syntaxiquement achevée (= rallonge).

    Ex "Partout on entend des cris, partout on voit la douleur et le désespoir. et l'image de la mort" (Bossuet).

     

    Hyperbole

    exagération dans les termes qu'on emploie pour insister sur une idée.

    ex :Il avait une telle soif qu'il aurait bu toute l'eau du lac.
    "Je me meurs. je suis mort je suis enterré" (Molière) = gradation hyperbolique.

     

    Hypotypose

    figure consistant à décrire une scène de manière si vive, si énergique et si bien observée qu'elle s'offre aux yeux avec la présence. le relief et les couleurs de la réalité.

     

    Métonymie

    figure par laquelle un mot désignant une réalité A se substitue au mot désignant une réalité B en raison d'un rapport de voisinage. de coexistence. d'interdépendance. qui unit A à B.

    ex : un Camus (= un ouvrage de Camus) = métonymie de la cause par l'effet.
    Le second violon (= le second joueur de violon) = métonymie de l'instrument par celui qui l'emploie:
    Le trône. le sceptre (= la puissance royale) = métonymie du signe par la chose...

     

    Mise en abyme

    D'après une image de Gide. procède on structure par lesquels. dans une œuvre. un élément renvoie à la totalité (tableau dans le tableau, récit dans le récit).

     

    Oxymore

    rapprochement dans une même unité syntaxique de deux termes qui paraissent se contredire.

    ex : "Cette obscure clarté qui tombe des étoiles"(Corneille).

     

    Paradoxe

    affirmation contraire à la logique et au témoignage des sens

    ex: "Mais elle avait encor cet éclat emprunté
    Dont elle eut soin de peindre et d'orner son visage Pour réparer des ans l'irréparable outrage" (paradoxe + oxymore).

     

    Paronomase

    rapprochement de mots dont le son est à peu près semblable mais dont le sens est différent.

    ex: "Lingères légères" Eluard).

     

    Périphrase

    au lieu d'un seul mot, on en met plusieurs qui forment le même sens.

    ex : L'oiseau de Jupiter (= l'aigle).

     

    Prétérition

    dire quelque chose en affirmant qu'on ne veut pas le dire.

    ex: Je ne rappellerai pas sa malhonnêteté. mais seulement son incompétence..
    Je ne dirai pas que....
    Il serait trop long de montrer ici que...

     

    Prolepse

    1) prévenir des objections en se les faisant à soi-même et en les détruisant d'avance (réfutation anticipée).

    ex Vous me direz à quoi sert cet appendice caudal ? Mais c'est purement décoratif (Claudel)

    2) anticipation d'un évènement ou d'un épisode.

    Prosopopée
    mettre en scène (faire parler ou agir) une personne que l'on évoque (absente ou morte). ou un être surnaturel ou même un être inanimé.

    ex : Elle me dit: Je suis l'impassible théâtre que ne peut remuer le pied de ses acteurs" (Vigny)

     

    Redondance


    redoublement expressif de l'idée par plusieurs mots

    ex: -"Ce qu'il faut à tout prix qui règne et qui demeure Ce n'est pas la méchanceté. c'est la bonté"(Verlaine)
    - Calme et paisible.

    un pléonasme = répétition de mots inutiles. qui peut être une maladresse (ex : descendre an bas) ou un effet voulu pour donner plus de force à l'expression.
    ex "En vain la plus vieillesse m'accable de son poids pesant" (Dm-ai).

     

    Stichomythie

    Toute phrase comporte:
    au sens strict dialogue de théâtre dans lequel les répliques s'enchaînent vers par vers. Par extension se dit de tout échange où le changement de locuteur tend à s'accélérer.

     

    Syllogisme

    mise en rapport logique de deux prémisses (= affirmations), une majeure et une mineure, dont on tire une conclusion.

    Ex: "Tous les hommes sont mortels (majeure) Or Socrate est un homme (mineure) Donc Socrate est mortel." (conclusion)

    Synecdoque
    (gr. sunekdochà = inclusion): figure qui substitue. à un terme k un terme B dont le sens inclut celui de A (ou est inclus par A).
    ex: - une lame (= épée> la partie pour le tout B inclus dans A).
    - un mortel (= homme> B = qualité d'une personne (ou d'une chose)
    - de beaux ivoires > B = la matière d'un objet A.

     

    Zeugma


    figure qui consiste à réunir plusieurs membres de phrase au moyen d'un élément qu'ils ont en commun et qu'on ne répétera pas. Le zeugma réunit en particulier un terme abstrait et un terme concret.

    ex :" Vêtu de probité candide et de lin blanc" (V. Hugo)


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